L'EXPOSÉ ORAL EN 9 POINTS CLÉS
par Monsieur J.BESCOS -PROFESSEUR COMM IUP EVRY-
mis en ligne by quilui
1)
QUEL EST LE SENS DE MON SUJET?
2) QUEL EST MON OBJECTIF ? : LE PUBLIC
3) COMMENT ORGANISER LE CONTENU?
4) COMMENT ATTIRER L'ATTENTION SUR LES IDÉES ESSENTIELLES
& LEUR ENCHAINNEMENT?
5) COMMENT ACCROCHER L'INTERET DE L'AUDITOIRE?
6) COMMENT INTERPELLER L'AUDITOIRE ?
7) COMMENT PRENDRE CONGÉ?
8) COMMENT PRÉPARER SES NOTES ?
9) COMMENT GÉRER LES QUELQUES MINUTES PROCÉDANT UN
EXPOSÉ ?
La réussite d'une intervention de ce type = une préparation minutieuse + une réflexion à la fois sur le sujet, le public et la mise en preuve des idées (argumentation).
1) QUEL EST LE SENS DE MON SUJET?
On ne peut pas développer correctement un thème sans avoir réfléchi à ce que l'on en sait et à la façon dont on veut le développer. Traiter un thème, donc transmettre des connaissances ou des idées, c'est, avant tout faire le point sur l'état de ses propres connaissances sur le sujet.
a)
L'orateur doit dominer son sujet, aucune "zone d'ombre" ne doit subsister
dans son esprit, si non l'auditoire le sentira hésitant, ce qui empêchera
que s'installe une relation de confiance
Dominer son sujet => des connaissances supérieures à celles
que l'on a à transmettre. Une prestation orale est souvent suivie d'un
débat, d'un dialogue , c'est le test de l'orateur.
b) Exigence - la précision : quelles sont les données, les explications exactes dont je dispose? => collecter le maximum d'infos.
c) L'intérêt pour un sujet est la condition nécessaire à la réussite d'une prestation orale sinon comment faire passer une conviction, comment susciter le désir de comprendre chez son public si soi-même on éprouve aucun sentiment?
2)
QUEL EST MON OBJECTIF ? : LE PUBLIC
Le public
constitue la cible, le destinataire, ce gui compte c'est ce qu'il retiendra.
Erreur (trop courante) à éviter : s'écouter parler.
Toute communication
orale étant au service du récepteur (le public), il s'agit d'étudier
le type de public auquel on s'adresse :
Sa composition , 4 critère fondamentaux :
Age, niveau socioculturel, situation hiérarchique, sexe (masculin - féminin)
Afin d'éviter
tout décalages, il s'agit de se "mettre à son niveau" an prenant
en compte :
- Sa culture générale et sa culture technique afin de s'appuyer
sur celles ci.
- Les valeurs profondes qui induisent sa façon de raisonner : politique,
religion
- Son Langage
Un même
appréhension de la réalité permet une meilleure compréhension.
Son intérêt pour le sujet : ce public a-t-il le choix d'assister
à l'intervention, l'y a-t-on invité", quest-ce qui justifie
sa présence, a-t-il envie de savoir, quel intérêt éprouve-t-il ?
Prendre la parole, c'est avant tout parler à quelqu'un.
3)
COMMENT ORGANISER LE CONTENU?
a- Déterminer un nombre restreint d'idées clés : contrairement à l'écrit, l'oral ne doit pas faire preuve dexhaustivité, le nombre d'info retenues sera restreint.
Exemple
du spot publicitaire et de l'homme politique
: Pour être compris l'homme politique en campagne met l'accent
sur quelques grands axes, par ex "la force tranquille" de F. Mitterand en contraste
avec ses 110 propositions.
Le plus sage sera de trouver 6 à 7 réponses à cette question
." A la fin de mon exposé, quest ce que je veux que mes
auditeurs aient absolument retenus.
b-
Dégager une problématique :
une succession d'idées n'est pas source d'une bonne intervention (bien
que ce soit valable à l'écrit).
Ici , aucun signe visuel (pas de sous-titres, de §, etc...) Ici il faut un Point
de départ & un Point d'arrivée, entre les deux : un raisonnement
très clair pour aller de l'un à l'autre.
4)
COMMENT ATTIRER L'ATTENTION SUR LES IDÉES ESSENTIELLES & LEUR ENCHAINNEMENT?
Raisonner :
consiste à structurer sa pensée et si parler en public est difficile,
l'écoute efficace est une activité encore plus délicate.
Le risque est de noyer l'auditeur sous un flot de parole => Maîtrise
de la parole.
L'orateur doit tenir compte des variations d'attention du public.
En l'absence de guidage écrit, il doit:
- Marquer fortement les liens logiques entre les idées.
- Valoriser ses idées nouvelles au moyen d'annonces (exp : maintenant
intéressons nous à...), par la reformulation.
- Eviter d'égarer l'auditeur en soulignant les passages d'une partie
de développement à une autre. L'exemple ou l'anecdote est plus
important à l'oral qu'à l'écrit.
Tout orateur doit réfléchir mais aussi raconter.
5)
COMMENT ACCROCHER L'INTERET DE L'AUDITOIRE?
Le début
et la fin de la prise de parole sont des moments importants :
- L'introduction donne le ton, impressionne favorablement ou non.
- La conclusion résonne une fois luvre achevée.
L'introduction
poursuit 3 buts :
- Susciter l'intérêt (pour éviter le Zapping)
- Préciser le thème et surtout le sujet exact de l'exposé.
- Esquisser la démarche de la réflexion en indiquant les grandes
étapes si le plan : l'auditeur a besoin de savoir où on le
mène.
Pour atteindre
ces 3 buts, 3 rôles sont a mettre en uvre
- Intéresser par une accroche stimulante qui donne envie de comprendre,
qui doit éveiller lintérêt et qui donne de la vie.
- Présenter le sujet exige de la clarté.
- Esquisser le plan nécessite de la rigueur : il faut que le récepteur
saisisse d'emblée.
Autres contraintes :
Les aléas de mémorisation et d'attention de l'auditeur => ne
pas présenter immédiatement le thème de l'exposé,
mais faire languir c'est risquer de voir lintérêt s'évanouir
Les premiers mots sont donc cruciaux : ils constituent l'accroche.
Exemples de procédés d'accroche, chacun est illustré d'un exemple supposé présenté un exposé sur le clonage.
a)
Le ou les faits réels
Un moyen des + courants & des + efficaces : citer une situation
connue du récepteur.
La brebis Dolly est une vedette en GB depuis 1997: elle est le 1er mammifère
obtenu par clonage à partir d'un animal adulte sans manipulation de cellules
sexuelles.
b)
Les faits réels "centrifuge" (variante)
Présenter des faits dont, a priori, le destinataire ne percevra pas le
point commun => il sera intrigué donc son attention sera plus soutenue.
Attention à ne pas allonger ce type de développement, car risque
de sy perdre soi-même. Une transition vers les § suivants doit être
rapidement aménagée.
Chercheurs, industriels, responsables religieux : tous ont leur mot à
dire sur cette nouvelle technique qu'est le clonage.
c)
Les faits réels : " notion de hors sujet "
Demande beaucoup d'habileté : consiste à présenter
une ou des situations dont le rapport avec le sujet abordé n'apparaît
pas clairement.
Les vrais jumeaux ont un patrimoine génétique rigoureusement
semblable; sera-t-il bientôt possible de créer des milliers de
" jumeaux " identiques par clonage ?
d)
L'affirmation "choc"
Techniquement risquée car elle peut choquer le récepteur,
mais mérite d'être tonique, et lance d'emblée le débat.
Très utile à l'oral car elle attire l'attention des auditeurs
à condition de ne pas dépasser les limites du respect.
L'homme devient Dieu puisqu'il crée la vie grâce à
la technique du clonage.
e)
Avis opposés
Si une argumentation est nécessaire c'est que deux thèses
sont opposés : l'accroche peut présenter d'emblée
les avis en présence (par exemple : citer des paroles contradictoires
de personnes célèbres).
Avancée scientifique pour la recherche médicale et lélevage
animal ou danger pour la personnalité de l'individu. le clonage divise
les chercheurs.
f)
Le paradoxe (Variante du précédent)
Consiste à présenter une thèse généralement
admise & à en démontrer sa fausseté, l'intérêt
du paradoxe est que son existence même fonde l'argumentation alors l'argumentation
apparaît alors comme une nécessité impérieuse.
Cest parce que l'homme a joué l'apprenti sorcier en mettant
au point la technique du clonage qu'il sera conduit à élaborer
une éthique médicale universelle, garante de la dignité
de chacun.
g)
L'historique
Le rappel chronologique permet d'arriver au sujet à traiter, condition
fondamentale : être rapide, éviter les "depuis toujours, les
hommes se sont demandés si...
linsémination artificielle cher l'animal puis chez l'homme,
fécondation in vitro, les techniques de reproduction de la vie se sont
développées depuis quarante ans pour aboutir au clonage.
h)
La généralité
A manipuler avec précaution, la remarque générale ne
vaut que si elle permet d'introduire directement le thème, qui apparat
comme une "illustration" qui s'intègre à une notion plus vaste.
Science sans conscience n'est que mine de l'âme : jamais cette
formule de Rablais n 'a été autant d'actualité, avec la
mise au point du clonage.
i)
La question
Présenter un raisonnement c'est souvent répondre à
une question, à une énigme, qui intrigue l'auditeur, Le procédé
est vivant, mais attendre une réponse des auditeurs se révéler
hasardeux : silence ou réponses inexploitables, inattendues, provocatrices.
En fait l'orateur sera réduit à démontrer que son exposé
sera la réponse à sa question.
faut-il interdire le clonage ?
Comme on vient de le voir si laccroche cherche à amener le thème (en justifiant son intérêt et qu'il soit l'objet d'un exposé). Quant au plan, il aidera l'auditeur à suivre le raisonnement.
Remarques :
a)
Un plan bien structuré reflète une intention précise
de l'auteur,
+ il est clair + il valorise l'objectif profond de celui-ci.
b)
Au niveau du style : ce plan en
2,3 ou 4 grandes parties, doit être "balisé"
On peut annoncer chaque partie:
- Par une tournure qui la précède : la lère
partie portera sur
, dans un 2ème temps, nous nous intéresserons
à...
- Par une expressions qui la suit : l'analyse de... sera au cur de
notre 2ème partie.
Bien entendu il faut varier les tournures, leur imprimer sa propre personnalité.
6)
COMMENT INTERPELLER L'AUDITOIRE ?
En plus de valoriser ses idées, il faut toujours réfléchir aux moyens de renforcer le lien avec l'auditoire.
a)
L'emploi des personnes: je, nous, vous
Chacune répond à une intention différente et crée
un ton particulier.
le " Je " valorise l'orateur (emploi déconseillé
à l'écrit), ne convient pas pour l'accroche.
le " Nous " met l'accent sur la communion orateur
/ public, il est rassembleur.
le " Vous " interpelle directement le public, faisant
passer son intérêt avant celui de lorateur.
" Vous "
convient bien à l'accroche car il s'agit d'accrocher & de stimuler
l'auditoire et non de flatter son propre ego.
" Je " sera utilisé sans difficulté
dans le cours du développement.
" Nous " convient parfaitement pour la conclusion.
L'orateur a transmit ses idées à l'auditoire, de séparés
qu'ils étaient cet ensemble ne forme plus qu'un.
L'ordre : vous, je, nous ,voilà le tiercé pertinent.
b)
Les questions, essentiellement rhétoriques
- La monotonie => échec, pour corriger ce problème l'orateur
peut interpeller lauditoire en se posant à lui même des questions :
- Pourquoi cette remarque? essentiellement parce que...
- Que dire de cette situation? Avant tout quelle est...
Voilà, qui transforme le monologue en dialogue (factice) et dynamise
l'intervention.
Qu'est-ce
qu'attend l'auditoire :
- Une réponse claire à la problématique posée par
l'introduction
- Une esquisse de réflexion sur la mise en uvre de cette réponse.
Il s'agira donc à la fois : de clore un débat (s'il y a lieu)
& de souligner les problèmes éventuellement posés par
cette conclusion => une structure binaire:
En
1° La conclusion fermée
La vie professionnelle exige des réponses, il est essentiel que tout
émetteur sache exprimer fermement les 2 ou 3 grandes idées (claires)
auxquelles il a abouti. Il favorise alors la mémorisation de son auditoire.
Toutefois, penser qu'une réflexion apporte une solution définitive à tout problème est une illusion, une fois celui-ci traité, il convient de le replacer dans la chaîne complexe de la réalité, voilà la tâche d'une 2° partie.
En
2° La conclusion ouverte
Attention danger ! En ouvrant sur du vide par des banalités qui n'apportent
rien, exemple :
Le problème existera toujours / Mais quand trouvera-t-on une solution ?
/ La route sera encore longue...
Emettre
des réserves
C'est à dire souligner certains problèmes soulevés
par la solution proposée.
Par exemple : s'interroger sur ses limites, ses difficultés de mise
en uvre, ses effets pervers ou sur les difficultés qu'elle doit
éviter pour être efficace.
Emettre des réservés peut faire partie de la conclusion sans en
être le point dorgue (sauf nécessité)
L'avenir
immédiat
Technique réaliste, elle envisage les retombées immédiates
d'une thèse affirmée en 1ère partie de conclusion en évoquant
les conditions de réussite la faisabilité.
Cette conclusion de conclusion est particulièrement adaptée à
une situation professionnelle ou à une soutenance de stage.
Une fois l'auditeur convaincu de votre thèse il est logique de l'aider
à en esquisser la mise en uvre.
L'extension
Plus scolaire, il s'agit de glisser d'une idée à un problème
plus général induit par celle-ci, mais attention au hors sujet.
Il faut juste esquisser des pistes concernant l'avenir lointain, montrer l'écart
entre l'idée finale réalisable et ce qu'il serait souhaitable,
etc...
Toujours
faire attention à la dernière phrase, au dernier mot,
le public doit savoir que ce qu'il vient d'entendre sont bien les derniers mots.
Exclure les termes du type :
- En conclusion (qui marque un début de conclusion et non une fin)
- Voilà, cest fini (qui est l'aveu d'un échec, puisque pas
de conclusion)
Le moyen efficace: le bouquet final, faire que les derniers mots sonnent comme une conclusion définitive. Valoriser ces mots en variant ou haussant le ton.
8)
COMMENT PRÉPARER SES NOTES ?
Le 1er reflex : rédiger son texte => aberration car on ne peut pas parler & lire en même temps, ni regarder son public, ni ajuster le rythme. Les meilleures notes : l'absence de notes : impro. totale = aisance, spontanéité
Quelques
conseils sur les notes :
Le rôle des notes est surtout psychologique, si le sujet est bien
préparé les notes servent de synopsis, permettent de faire face
à un trou de mémoire, cest une bouée de sauvetage
rassurante.
Elles doivent être minimales afin d'avoir les mains peu encombrées.
Par exemple : 20 min d'exposé simple = un format A4 (2 A5 recto
- verso)
Elle ne doivent pas mobiliser le regard => gros titres, sur lignage, numérotation
soignée. Clarté de conception = aisance.
Le
problème essentiel : que faire figurer sur ces fiches ?
Le plan ainsi que les transitions prévues entre les différentes
parties.
Tous tes éléments sources d'oubli, de confusion (chiffres, dates,
noms...)
Quelques mots d'accroches & de conclusion.
Bafouiller au départ = commencer sur un échec;
Balbutier lors de. la conclusion = laisser un souvenir négatif.
Le manque de confiance (bien compréhensible) en soi donne trop d'importance aux notes alors qu'elles doivent se faire oublier, l'orateur doit se concentrer sur l'essentiel : le public.
9)
COMMENT GÉRER LES QUELQUES MINUTES PROCÉDANT UN EXPOSÉ ?
a)
Faire attention aux conditions matérielles avant l'intervention :
Taille de la salle, nombre de chaises, tables, etc...
Tableau, appareil vidéo ou autre en état de marche.
Conditions optimales réunies...
Tout problème technique non résolu discrédite l'orateur
& est source de stress.
b)
gérer le "trac"
Qui agit sur le comportement => tremblements, incohérence des
gestes, rougissement etc
Qui agit sur le mental => trous de mémoire, sentiment de trou noir,
etc...
Une focalisation sur les notes conduit au doute (il est trop tard pour les corriger)
Une focalisation sur soi-même conduit à l'angoisse (l'angoisse
de l'angoisse)
Un seul remède : ne penser qu'au public
Le
trac a 4 origines :
- Le manque de confiance en soi. parfois renforcés par de mauvais
souvenirs.
- Le regard du public est ressenti comme un juge impitoyable.
- Le fait d'être là dans un rôle " remarquable "
en avant, particulier
- Le fait qu'on change de repère : on n'est plus entouré
des " autres "
Certains
comportements permettent d'y remédier en partie ?
Regarder le public avant de prendre la parole, oser le regarder en face.
Prendre le temps de sadapter à ce nouvel espace, en prendre possession,
chercher l'emplacement idéal.
Ne rien changé à ce qui a été prévu ou à
la façon d'aborder le problème abordé, une impro de dernière
minute est souvent catastrophique.
Trouver l'équilibre en maîtrisant sa respiration (avec le ventre)
en adoptant une position stable (être bien campé sur ses jambes).
Une
prestation orale réussie pourra sembler improvisée mais l'auditeur
aura compris qu'elle est le fruit d'une préparation méticuleuse.
*FIN* ![]()